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1 août 2013

Chapitre 8: Toujours en vie, toujours envie...

Hola amigos! Hier en me rendant dans une boutique de téléphonie mobile, on m´a demandé mon document d´identité. J´ai sorti mon passeport de troubadour...Et j´ai vu le tampon de la douane locale, daté du 26 juin 2013. J´ai donc bien passé 1 mois au Pérou. C´est l´heure d´un rapide bilan. Par contre, j´aimerai ici dévoiler une image "réaliste" du Pérou, c´est pourquoi je ne peindrai pas une vision totalement idyllique de ce pays (que j´aime tant). Pour la vision idyllique, je vous laisse vous référez aux carnets de voyages de certains voyageurs furtifs.

La première chose á dire c´est que j´ai désormais une petite routine bien installée. Mais celle-ci est assez éloignée du "métro, boulot, dodo" parisien. Malgré tout, au milieu de ma routine, certains éléments de mon quotidien continuent de me choquer...Souvent en bien, parfois en moins bien. Voici, pêle-mêle, quelques caractéristiques qui, en dépit de leurs intervention quotidienne dans ma vie, me surprennent toujours.

La gentillesse des gens de Nazca reste un des "détails" des plus agréables. Le calme des esprits et la tranquillité du mode de vie représentent un des éléments les plus sympa, surtout pour moi, français natif de la région parisienne, donc stressé, ainsi que pour ma ponctualité suédoise aux antipodes des règles péruviennes. 

J´apprécie mes escapades quotidiennes en "colectivo", ces taxis économiques qui me permettent de me rendre au centre-ville pour la modique somme d´un sol. En même temps, je constate á bord, l´engouement des jeunes péruviens pour des chansons sentimentales dont le contenu atteint vulgairement la sensibilité d´une telenovela locale. Parfois, il m´arrive de m´intégrer et de chanter "Lejos de ti" ou "Volvi a nacer" comme un latin-lover foireux. Le colectivo, en dépit de la qualité du service privé informel fourni, met aussi en lumière une des failles saillantes des politiques de développement de Nazca...l´absence totale de services publics de transports intra-communaux. 

Malgré mon adaptation ici, je ne peux m´empécher de convertir, dans ma tete, tous mes achats en euros. Cela me permet aussi de comprendre et d´apprécier la superpuissance de mon pouvoir d´achat ici, même avec un salaire avoisinant les 500euros. D´un autre coté, cette situation qui m´est favorable dévoile un niveau de vie relativement bas ici. La pauvreté continue de gangrener de nombreux pans de la société péruvienne. Pour l´instant ce sont surtout les inégalités territoriales qui me choquent. D´une province á l´autre, d´une ville á la suivante, du centre-ville á la périphérie, on passe très souvent d´un pays émergent très dynamique á un pays en développement lacéré par la pauvreté et où la misère est courante, á l´inverse de l´eau. 

Aussi, j´essaie de lire très régulièrement le journal national. Apres plusieurs essais et de nombreux ratés, j´ai opté pour El Comercio. Je dois dire que c´est assez jouissif de lire des articles du type: "L´économie péruvienne devrait croître de 6,5% en 2013". Les gens á la recherche de croissance économique en Amérique du Sud peuvent se tourner du Brésil vers le Pérou ou le Chili. Néanmoins, la forte dépendance de ces deux pays envers les produits miniers (cuivre, or) rappellent la fragilité et l´instabilité de ces régimes de croissance. De plus, les programmes sociaux sont largement financés par les recettes tirées des ressources naturelles. Comme dans de nombreux pays d´Amerique du Sud, le Pérou est encré á gauche (voir la notion de "pink tide" développée, par exemple, dans le dernier ouvrage de Gian Luca Gardini) , mais finance les aspects les plus "de gauche" par les recettes tirées des matières premières.

Sous cet angle, le récent discours de la présidente brésilienne Dilma, proposant financer une partie de l´investissement de l´Etat dans l´education via les royalties venant du secteur pétrolier prend un sens assez banal. De même que je me demande comment les écolo peuvent apprécier Evo Morales, sauf á fermer les yeux sur l´expansion du secteur des hydrocarbures en Bolivie, ou á accepter une contradiction idéologique. J´ai prévu un petit tour en Bolivie un de ces quatre...Je vous en dirai un peu plus.
Parmi les notions qui caractérisent le mieux cette forme d´Etat, fort, de gauche et (car) grand exploitant des ressources naturelles du pays; sont les notions de "neoextractivismo" et "d´Estado compensador" développées par le chercheur urugayen Eduardo Gudynas,  voir ici et ici

L´Amérique du Sud est compliquée donc passionnante. Toutefois, je commence á largement douter des gens se prétendant "spécialistes de l Amérique du Sud". Si déjà j arrivais á trouver un VRAI spécialiste du Brésil ou de l´Argentine, le chemin serait bien avancé. Jusqu´á nouvel ordre, je classe donc ces gens se prétendant spécialistes du continent dans la case comprenant Cahuzac, Sarkozy et Pinocchio. 

Au fait, je vous ai écrit que je m´étais aperçu de ma durée sur le territoire péruvien grâce á mon passeport dans un magasin de téléphonie mobile. Je n´ai pas pu prendre un abonnement pour mon portable. Tout cela car, mon numéro de passeport ne rentrait (évidemment) pas dans les cases du document d´identité péruvien. 
A tout les amoureux de l´Amérique du Sud: vous avez raison, ce continent est merveilleux. MAIS!! Pour nuancer la chose, je vous propose de faire, par exemple, une demande de CPF au Brésil, ou encore de DNI au Pérou. C´est équivalent au nettoyage des Écuries d'Augias, version latino! L´administration publique est sans doute un des aspects les plus inefficaces ici. Pas au cause des fonctionnaires, mais á cause d´un système datant des dictatures respectives...plus rigide qu´un français dançant la salsa. D´ailleurs si l´on vous demande, au coin d´une rue, si vous ne connaîtriez pas un spécialiste de la Mairie de Vista Alegre, contactez moi. J´ai dú "visiter" presque tous les bureaux, on m´y a donné des rendez-vous.... aux heures de fermeture! Et on ma également dit: "Pour votre papier il faut voir le maire, mais le maire n´est pas souvent á la mairie!".

Enfin, j´ai eu la chance de vivre le weekend des fetes nationales. Ici le nationalisme est (ultra)-poussé. La fierté d´etre péruvien se lit sur beaucoup de lèvres. Parfois, l´hymne national retentit sur les radios locales, peut importe le jour, peut importe l´heure. Ce qui est étonnant pour moi, c´est de voir ce nationalisme en majorité de gauche, saupoudré d´un discours du président Humala, ancien militaire et (mais!) homme de gauche aussi. Enfin, je conclurai sur une anecdote pour conclure sur le nationalisme péruvien sans toucher á la sphère politique. Hier, on m´a dit: "La cuisine péruvienne est une des meilleures du monde. Par exemple, le poulet braisé c´est typiquement péruvien". Je pourrai déclencher une guerre entre le Pérou, et toute l´Asie du Sud-Est ainsi que toute l´Afrique de l´Ouest avec ces propos! Comptez sur moi pour aller expliquer á mes amis ivoiriens que le "poulet bicyclette" est un vol á la propriété péruvienne. ;)


 

 

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